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CTR : un quotidien chamboulé durant la pandémie

Pendant la crise sanitaire, une habile répartition des tâches a permis de gérer les situations délicates. Témoignages.

Les centres de traitement et de réadaptation (CTR) d’Orbe et de Chamblon ont pour objectif d’aider les patients à retrouver leur autonomie pour pouvoir, dans le meilleur des cas, retourner à leur domicile.

«Le CTR est une structure intermédiaire entre les services de soins aigus et le retour à domicile, explique Habiba Bechnoune, directrice adjointe des soins au CTR du Nord vaudois. Cela nous a laissé un peu plus de temps pour nous organiser.» L’équipe medico-soignante a opté pour une séparation des patients, visant à minimiser la contagion. Le site d’Orbe, comptant 21 lits, de par sa situation géographique et sa structure compatible avec des soins aigus était exclusivement consacré à l’accueil de personnes atteintes de Covid. Tandis que les 69 lits du site de Chamblon avaient pour mission d’accueillir les patients non-Covid nécessitant une réadaptation. Au total, ce sont 72 personnes atteintes du Covid-19 qui ont été accueillies durant la pandémie. Ces patients venaient principalement du CTR de Chamblon et des services de médecine et de réanimation des eHnv. Leur moyenne d’âge avoisinait les 80 ans.

L’unité COVID du CTR d’Orbe a fonctionné pendant cette période comme une unité de soins aigus gériatriques. Les équipes soignantes de jour comme de nuit ont été renforcées par les personnels des secteurs les moins impactés

Des aménagements spécifiques ont été installés afin de limiter la propagation du virus et préserver les patients du centre d’Orbe
Des aménagements spécifiques ont été installés afin de limiter la propagation du virus et préserver les patients du centre d’Orbe.

Des moments déchirants

Un soutien psychologique a aussi été mis en place durant cette période pour épauler le personnel. «Nous étions confrontés à des situations particulièrement délicates, avec des patients présentant des pathologies aigues, notamment des détresses respiratoires et surtout des complications neurocognitives, ajoute le médecin Jean-Stéphane Luiggi. Ces patients âgés ont présenté des symptômes d’agitation, des confusions, de l’anxiété en lien avec la maladie, l’isolement mais aussi en lien avec les mesures de précaution interdisant tout contact avec leurs proches. Sur la totalité des patients hébergés durant la crise, le site d’Orbe a enregistré cinq décès.

«Comme les visites étaient impossibles, il était important pour nous de maintenir le lien avec les familles, indique Habiba Bechnoune. Nous avons organisé des visioconférences ainsi que des appels quotidiens afin de les informer sur l’évolution médicale de leurs proches. Nous avons également reçu le renfort de militaires, qui ont participé au soutien des patients et des équipes.» Durant la crise, la durée des séjours était de 18 jours en moyenne. Une fois les visites à nouveau autorisées, un agenda a été mis en place afin de limiter les contacts entre les visiteurs, tout en respectant les règles d’hygiène en vigueur.

Retour à la normale en juin

Début juin, « le CTR d’Orbe a retrouvé sa fonction de réadaptation avec la fin des mesures d’isolement. Une réaffectation qui a nécessité un important travail de nettoyage et de désinfection. L’opération a pris une semaine entière, car il fallait s’assurer que chaque espace soit parfaitement propre.»

Habiba Bechnoune, Lila Saiah et Jean-Stéphane Luiggi tirent un bilan positif de cette gestion de la crise et mettent en avant la grande solidarité entre tous les collaborateurs. «Grâce à la richesse du travail en interdisciplinaire, une bonne coordination avec les directions logistiques, soignantes, médicales et une communication régulière des décisions prises par la direction générale, nous nous sommes sentis soutenus tout au long de cette période. Ceci nous a permis d’assurer la meilleure prise en charge possible pour nos patients fragiles.»

Pour garantir le respect des conditions sanitaires, certains physiothérapeutes ont dû improviser de nouveaux espaces de travail.
Pour garantir le respect des conditions sanitaires, certains physiothérapeutes ont dû improviser de nouveaux espaces de travail.

 

Texte : Carole Extermann
Photographies : William Gammuto